CLH Architecte D.E




La Cité des arts
ANALYSE HISTORIQUE:
En effectuant l’analyse historique, nous nous sommes intéressées à l’histoire de Toulouse et notamment à celle du quartier Saint-Cyprien et son évolution. Nous essayerons de comprendre, sous différentes échelles, dans quel contexte historique s’inscrit la caserne Jacques Vion.
A l’Antiquité (entre ler et le Ve siècle), la ville de Toulouse, délimitée par des remparts, se construit sur le principe des villes romaines au quadrillage régulier. Elle s’implante uniquement sur la rive droite de la Garonne avec, toutefois, une volonté de s’ouvrir sur la rive gauche ; on distingue un premier pont et une route menant vers les campagnes. On compte aussi un aqueduc qui amenait l’eau en ville.
Petit à petit, la ville repousse ses remparts : elle s’agrandit vers le Nord, jusqu’à Saint-Sernin, puis s’étend vers l’ouest et intègre le faubourg de Saint-Cyprien dans son enceinte. Ce faubourg accueillait les populations rejetées par le cœur historique de Toulouse : malades, immigrés, pauvres, ... Ainsi, de nombreux équipements dans les domaines de l’hygiène, de la salubrité et de la santé publique ouvrent leurs portes : hôpitaux, abattoirs, château d’eau, cimetière, fontaines, ...).
De plus, ces personnes subissaient sans cesse les nombreuses inondations de la Garonne, dues à la topographie du faubourg.
Si la ville a peu évolué pendant le Moyen-Age, c’est à partir du XVIIe et du XVIIIe siècle que le développement de la ville devient important.
Le siècle des Lumières va beaucoup marquer le quartier St Cyprien et le Grand Rond : les projets urbains fusent et les aménagements de promenades plantées apparaissent. La digue du Cours Dillon se construit afin de protéger la rive gauche en évolution. Les allées Charles-de-Fitte, à la limite de l’enceinte et sur lesquelles est implantée la Caserne, est une grande artère bordée par une double rangée de platanes. La rue de la République est prolongée et la patte d’oie voit le jour.
Au niveau du parcellaire étudié, les terrains restent encore très grands, et aérés où les constructions sont peu nombreuses.
D’un point de vue architectural et typologique à l’échelle de la ville, les maisons à colombage, jusque là exclusives et singulières, sont détruites lors du grand incendie de 1463 et remplacées par des bâtiments de brique et de pierre.
Au XIXe siècle, la ville a des aspects encore médiévaux mais la destruction des remparts entre 1829 et 1832, sous la direction de J.-P. Virebent, la fait respirer et s’ouvrir. Ainsi, l’enceinte est remplacée par la ceinture des boulevards, tracée par Léon Jaussely.
Les percées haussmanniennes sont établies en centre-ville, concernant la rue Alsace- Lorraine et la Rue de Metz. Une hiérarchie des voies se lie sur l’ensemble de la ville.
Sur notre exemple, l’îlot est redécoupé par la rue Sainte-Lucie et demeure très vide. Dans les îlots environnants , les parcelles sont plus petites, serrées, organisées. La
Toulousaine, petite maison en RdC en brique, accompagnée de son jardin, s’installe et densifie les îlots.
Au niveau de la densité, nous constatons que les bâtiments s’installent le long des routes et agrandissent la ville. L’évolution s’établie de manière concentrique.
Par ailleurs, au niveau du quartier, un tramway électrique et la gare Roguet le desservait : on pouvait déjà sentir une dynamique.
A partir du XXe siècle, Toulouse a subi de nombreux dégâts catastrophiques et une forte baisse de la démographie suite aux deux guerres mondiales. Le phénomène du baby-boom fait exploser la démographie. Il est alors nécessaire de construire des immeubles de logements et des équipements. Le développement des secteurs industriels et du bâtiment ainsi que les prouesses techniques offrent de nouvelles possibilités de construction avec de nouveaux matériaux tels que le béton.
Sur notre exemple, le quartier a continué à se développer mais l’îlot étudié est le seul capable d’accueillir de grands immeubles et des équipements. C’est dans ce contexte qu’apparaît la caserne, dans les années 70. Le parcellaire est alors restructuré.
La ville croît donc très rapidement et de manière très brutale, offrant un paysage de barres et de béton.
Afin de desservir toutes ces constructions, le nouveau schéma de voirie de l’architecte Badani est travaillé en parallèle et s’établit : un nouveau système de rocades ceinture l’agglomération et des pénétrantes rejoignent les principales directions régionales.
La période des Trente Glorieuses, entre 1945 et 1975, va donc rehausser la ville, la moderniser et la transformer totalement. Le visage de la ville actuelle découle de ces évènements marquants. Mais cette évolution emblématique de l’urbanisme et de l’architecture du XXe siècle est très critiquée à l’époque : « Les allées Charles-de-Fitte, immédiatement après la guerre, sont « défigurées » par le modernisme. Elles sont toutes bituminées et prennent un caractère monumental avec la naissance de nombreux grands immeubles » (témoignage d’un habitant à l’époque, Revue L’oie de Saint-Cyprien, histoire et chroniques du faubourg Saint-Cyprien).
Aujourd’hui encore, la ville pose de nombreux débats. Par rapport au développement lent de la ville ancienne, on constate , aujourd’hui, une façon systématique et rapide de construire la ville ; c’est l’exemple des nouveaux projets de ZAC. Ainsi, face à cette méthode, on peut s’interroger sur le sujet de la densification de la ville et les questions de patrimoine, comme le posent les « toulousaines » avec la révision du Plan Local d’Urbanisme entamé depuis 2011, ...
CONCLUSION
La caserne Jacques Vion reflète donc une époque marquante et importante qu’il faut prendre en compte. Le contexte en dit long sur le morphologie de la ville.
Il dessine la ville, le quartier Saint-Cyprien et le parcellaire. L’îlot étudié est, ici, particulier. Jusqu’au XXe siècle, il est resté très peu dense par rapport aux autres alentours: c’est la raison pour laquelle il était le seul à pouvoir accueillir les équipements qui le composent aujourd’hui.
Le quartier de Saint-Cyprien continue d’évoluer avec le développement des transports en commun et les équipements culturels ; il fait de plus en plus parti du centre ville et tend à accueillir une population similaire.
RECONVERSION DE CASERNE JACQUES VION:
Cet atelier de projet s’inscrit dans les thématiques d’histoire, de patrimoine, de culture et d’habitat. Il a pour objectif de mener une réflexion sur les questions spécifiques de préservation et de reconversion de bâtiments modernes existants.
Ainsi, la Caserne Jacques Vion, va nous servir d’exemple pendant tout un semestre, dans le but d’expérimenter ces diverses notions et d’en comprendre les intérêts.
Il s’agit d’une caserne de pompiers située sur les grandes allées Charles-de-Fitte, dans le quartier Saint-Cyprien, à l’ouest de Toulouse. L’îlot dans lequel elle se trouve est délimité aussi par la rue Sainte Lucie et la rue des arcs de Saint-Cyprien.
Elle a été conçue par l’architecte Pierre Debeaux en 1966, dans un contexte historique et urbain particulier. En 1972, la caserne est mise en service.
D’une manière générale, l’ensemble est divisé en deux parties. D’un côté, on distingue des logements de fonctions où vivent les pompiers et leur famille ; d’un autre, on compte l’équipement et ses services.
Comment aborder la question du patrimoine ? Comment favoriser la sauvegarde d’une architecture moderne tout en l’adaptant aux enjeux et aux usages contemporains ?
Toutes ces questions sont à aborder à diverses échelles et sous des regards différents.
Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’histoire de Toulouse et notamment à celle du quartier Saint Cyprien et son évolution. Nous essayerons de comprendre ainsi dans quel contexte historique s’inscrit la caserne. Par la suite, l’analyse urbaine viendra expliciter la situation actuelle de la caserne. Nous verrons aussi l’organisation et le fonctionnement précis de la caserne Jacques Vion, en comparaison avec d’autres exemples. Par ailleurs, la présentation de l’architecte Pierre Debeaux va nous éclairer sur l’architecture du bâtiment.
Enfin, nous évaluerons l’état du bâtiment et les aspects plus techniques en s’appuyant sur les dessins précis ainsi que sur les différentes maquettes, bien que ces documents nous servent de support pendant toute la présentation.
L’observation, l’analyse et la compréhension de la situation existante constituent le fondement nécessaire au projet à venir et vont nous permettre de faire émerger les qualités à préserver, les problèmes à résoudre et aussi proposer un nouveau programme de reconversion.
